La grève générale illimitée lancée par les centrales syndicales vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d’un syndicaliste.

Deux jeunes hommes ont été tués par balle le 26 février lors de la première journée d’une grève générale illimitée très suivie en Guinée, où les militaires au pouvoir depuis 2021 répriment toute forme de contestation. Cette mobilisation donne une idée du rapport de force entre les centrales syndicales, soutenues par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, et la junte qui interdit toute manifestation, musèle l’opposition et cherche à faire taire toute critique à son égard.

Elle est lancée dans un climat de tension sociale grandissante et en l’absence de gouvernement, depuis que la junte a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports.

La grève générale vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d’un syndicaliste de presse. Elle a été très suivie et est renouvelée pour les jours à venir, « jusqu’à satisfaction totale et intégrale de l’ensemble des points de revendications », a déclaré lundi à la presse Amadou Diallo, porte-parole du mouvement syndical.

Les syndicalistes ont rencontré dans la journée les leaders religieux qui ont promis d’échanger avec le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.

« Il est en train de faire pire que l’autre »

Des heurts entre forces de sécurité et manifestants ont éclaté sporadiquement dans certains quartiers de la banlieue de Conakry. Deux jeunes hommes ont été tués par balle. « Quand Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir, il a dit que la justice sera la boussole qui va orienter tous les Guinéens. Aujourd’hui, il est en train de faire pire que l’autre [l’ex-président Alpha Condé] », a déclaré le père de l’un des victimes, cité par le média en ligne Guineematin.com. Les autorités n’ont pas immédiatement confirmé la mort des deux hommes.

« Cette grève est la bienvenue, elle va obliger les autorités à comprendre qu’ils ne sont pas des Dieux sur terre », a déclaré un cadre d’un ministère qui a requis l’anonymat.

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Le général Doumbouya n’a pas pris la parole depuis le début de l’année 2024, malgré un contexte tendu. La junte a interdit toute manifestation. Elle a réprimé l’opposition, largement réduite à l’impuissance.

Suppression de chaînes de télévision, brouillage de fréquences radio

Les militaires au pouvoir ont récemment sévi contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes.

L’un d’eux, Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), a été condamné le 23 février à six mois de prison dont trois avec sursis. Les syndicats exigent sa libération.

La junte a consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu’elle allait rendre la place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes. Le 25 février, la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a annoncé la levée de sanctions économiques contre la Guinée.

Face à Mamadi Doumbouya en Guinée, la tension sociale est à son comble (msn.com)

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