Au Sénégal, quelques jours après le report de l’élection présidentielle au 15 décembre par le président Macky Sall, l’heure est à l’organisation de l’opposition et de la société civile qui contestent la légalité de cette décision. 

Des militants de la coalition Bassirou Diomaye Faye, le candidat qui remplace la figure de l’opposition Ousmane Sonko, ont tenté de lancer une caravane de campagne dans le quartier des Parcelles assainies, en banlieue dakaroise, mardi 6 février 2024, explique notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier. Mais à peine arrivés sur place, ils ont été bloqués et quelques personnes ont été arrêtées dont les députés Abass Fall et Guy Marius Sagna. Bloqué dans sa voiture, il disait à RFI juste avant son arrestation qu’il « considérait que le report de l’élection était illégal et donc que le processus électoral continuait ».

Pendant ce temps, une grande partie des candidats à l’élection présidentielle se sont réunis toute la matinée afin d’organiser une « riposte collective ». L’objectif est de trouver de nouvelles stratégies avec des actions disparates sur tout le territoire alors que les tentatives de rassemblements ont systématiquement été dispersés par les forces de l’ordre. Pour cela, les leaders de l’opposition sont prêts à élargir le combat et à faire participer tout le monde, que ce soient la société civile ou les syndicats. « Nous entrons dans un rapport de force qui n’exclut pas la grève générale », indique Cheikh Diop, responsable syndical qui explique que des synergies sont en train de se mettre en place.

Coupure de la chaine privée WALF TV

La chaîne de télévision très populaire Walf TV a d’abord été suspendue dimanche 4 février 2024, avant que sa licence ne lui soit définitivement retirée le lundi. Plusieurs organisations, dont Amnesty international, ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression et aux droits de la presse. Au 4e étage de l’immeuble du groupe de presse, les directeurs des trois supports – radio, print et télé – sont en pleine réunion de crise, raconte notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff. Pour Cheikh Niass, PDG du groupe, le retrait de la licence d’exploitation de Walf TV reste inacceptable : « Fermer une télévision, pour moi, revient à tuer la démocratie purement et simplement. »

Entre 2021 et 2023 déjà, la chaîne d’information, très populaire et spécialiste des directs, a été suspendue trois fois, mais jamais jusqu’à aller à une fermeture définitive. Pour Pierre Édouard Faye, directeur d’information, c’est la preuve qu’un cap a été franchi ces derniers jours : « Le Sénégal était devenu une vitrine démocratique. Là, c’est toute honte bue que nous rasons les murs actuellement dans notre pays. »

Assane Gueye, responsable de l’équipe du soir, écrit le conducteur de son journal sur du papier. Walf TV a été suspendue dimanche après la diffusion d’un direct sur la tentative de manifester de l’opposition, le journaliste défend la pertinence de sa chaîne : « Walf est une sentinelle, Walf fait son travail, montre ce qu’il y a sur le terrain, malgré les difficultés, quel que soit ce qu’il se passe. Pour eux, il fallait fermer Walf pour aveugler les Sénégalais. »

Mardi 6 février, la Coordination des associations de presse a condamné la coupure du signal de Walf TV et demandé la restitution de sa licence. En attendant, la chaîne de télévision continue de fonctionner, mais sur Internet.

Sénégal: arrestation d’opposants manifestant contre le report de la présidentielle (rfi.fr)

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