Plus rien ne va entre Bamako et Alger. En effet, le ton est monté de plusieurs crans entre les deux capitales depuis que Abdelmadjid Tebboune a initié, sans l’avis, dit-on, de son homologue malien, une rencontre avec les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) et le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), pour tenter de relancer l’accord de paix d’Alger. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une brouille diplomatique ; chaque pays ayant décidé de rappeler son ambassadeur pour consultation. Pour en rajouter à la couche déjà épaisse, Alger a reçu l’imam Mahmoud Dicko devenu l’ennemi juré de la transition dirigée par Assimi Goita.

Pour les autorités de Bamako et leurs soutiens, la visite de l’influent imam à Alger, constitue une trahison. En retour, l’homme de Dieu s’est fendu d’un audio de 13mn diffusé sur les réseaux sociaux. Mais visiblement, cela ne suffit pas à redorer son blason auprès du régime de la transition malienne, a fortiori contribuer à apaiser le climat entre Bamako et son voisin. Bien au contraire, la sortie de l’imam vient confirmer la rupture entre les deux voisins. Ce qui n’est pas sans inquiéter plus d’un. Et comme si cela ne suffisait pas, Bamako et les deux autres pays voisins que sont le Burkina Faso et le Niger, composant l’Alliance des Etats du Sahel (AES), se rapprochent de l’ennemi juré d’Alger, en l’occurrence le Maroc.

Les nuages s’amoncellent sur l’axe Bamako-Alger

En effet, le 23 décembre dernier, Marrakech a accueilli les chefs de la diplomatie des trois pays de l’AES plus le Tchad, pour la première édition de l’initiative royale « pour favoriser l’accès des pays sahéliens à l’Atlantique ». L’on aura compris, les nuages s’amoncellent sur l’axe Bamako-Alger et d’aucuns redoutent une rupture totale de relations entre les deux voisins. La question qui se pose, est de savoir si les deux pays vont oser franchir le Rubicon. Cela dit, peu importe la réponse et peu importent les raisons objectives ou subjectives qui ne vont pas manquer de part et d’autre, Abdelmadjid Tebboune et Assimi Goita ont intérêt à jouer balle à terre. Car, faut-il le rappeler, l’Algérie est le deuxième pays à avoir la plus longue frontière avec le Mali.

Par ailleurs, les deux voisins ont des liens culturels, historiques et politico-diplomatiques qui font qu’ils partagent en commun beaucoup de réalités. C’est en cela et à juste raison que l’Algérie a été désignée pour jouer les médiateurs entre Bamako et les séparatistes de l’Azawad. Chassés de Kidal, ces derniers se trouvent actuellement en terre algérienne. Au regard de ce qui précède, l’on doit s’interroger sur les conséquences en cas de rupture diplomatique et politique entre le Mali et l’Algérie. Parce que Bamako est fragile et est à la croisée des chemins du fait de la crise sécuritaire, humanitaire et politique, elle risque d’être celle qui perdra le plus. C’est pourquoi, tout en restant ferme face aux initiatives unilatérales de son puissant voisin algérien, elle se doit d’éviter de trop tirer sur la corde au risque de la casser. Dans tous les cas, l’Algérie reste un acteur majeur dans le processus de pacification du Mali pour ce qui est de la partie septentrionale du pays.

Pour autant, et il faut le dire, cette posture ne confère pas à Alger, le droit d’ingérence et de prise d’initiatives unilatérales concernant la situation à Bamako.

BROUILLE DIPLOMATIQUE ENTRE ALGER ET BAMAKO : Il faut jouer balle à terre (msn.com)

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