Globalement, les élections de samedi en Côte d’Ivoirese sont déroulées dans le calme. Seuls quelques incidents mineurs ont été signalés. Le taux de participation final n’est pas encore connu mais les premiers chiffres tournaient autour de 30%.

On attend aussi encore les résultats définitifs des élections locales de samedi dernier mais le RHDP du président Alassane Ouattara semble avoir remporté son pari puisqu’il se dirige vers une large victoire. Le PDCI, Parti démocratique de Côte d’Ivoire de feu Henri Konan Bédié, maintient lui son assise et apparait comme le premier parti d’opposition. Pour le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo en revanche c’est la désillusion.

Décriptage avec Yodé Simplice Dion, professeur titulaire de philosophie politique et morale à l’Université Houphouët-Boigny d’Abidjan et analyste politique.

Retranscription de l’interview

Yodé Simplice Dion : Nous attendions tous de voir si le PPA-CI avait encore cette implantation. Laurent Gbagbo a fait ce qu’il pouvait faire pour la Côte d’Ivoire. Mais l’époque que nous vivons, ce n’est plus une époque où Laurent Gbagbo peut faire le tour de la Côte d’Ivoire pour son parti et pour ses lieutenants.

Ils se sont trompés de méthodologie et de cible. Ils sont encore dans le discours d’il y a dix ans, d’il y a quinze ans. Et ça, ça a payé cash sur le terrain parce que les populations demandaient beaucoup plus de contact avec elles et le PPA-CI n’a pas réussi à offrir cela.

DW Pour des élections locales qui sont par excellence des élections proches des gens, est-ce que c’est d’autant plus une une leçon pour Laurent Gbagbo et ses lieutenants ?

Yodé Simplice Dion : Beaucoup plus pour ses lieutenants. Pour Laurent Gbagbo, avec le départ d’Henri Konan Bédié, il est devenu la figure tutélaire de l’opposition. Donc lui, à son niveau, doit essayer d’être la caution morale d’une opposition unie. Bon. Maintenant, pour ses lieutenants, c’est à eux de comprendre que ce n’est pas une élection nationale, ce n’est pas l’élection du président de la République ou il y a d’autres ressorts psychologiques, ethniques, tribaliste et autres. Ici, nous sommes dans des ressorts de développement, de proximité avec les populations et de ce point de vue, le PPA-CI, visiblement, n’avait pas les armes et la méthode et le discours nécessaire pour offrir quelque chose de séduisant aux populations.

DW : Est-ce qu’à l’inverse, le parti au pouvoir et ses représentants locaux ont réussi à faire la différence vraiment parce qu’ils ont des programmes précis qu’ils veulent mettre en œuvre et que les populations y croient ? Ou est ce que c’est quand même aussi un peu une histoire de nom, de personnalité, d’argent ?

C’est un mélange de tout ça. Il y a le nom du chef, il y a les moyens donc d’un parti qui est au pouvoir. Il y a la possibilité de satisfaire la population parce qu’on a les moyens de les satisfaire. Et puis il y a aussi les promesses qu’on leur fait quand on sait que les populations savent que si vous promettez une ambulance, vous avez, étant au pouvoir, plus de moyens que les autres de leur offrir une ambulance ou de leur offrir un collège de proximité ou un dispensaire.

En tout cas, l’histoire de notre pays montre que les partis qui ont gouverné ont toujours eu, de ce point de vue, de la gouvernance locale, une avance sur les autres partis.

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