Les propos tenus par Mahamat Déby Itno, il y a quelques jours, créent la polémique au Tchad. Lors de son récent séjour dans le Nord, le président de la transition tchadienne a tenu un discours martial après la reprise des hostilités avec deux groupes rebelles. Il affirme leur laisser le choix : la paix ou la guerre. Des propos qui suscitent des critiques portant sur le fait que les autorités veulent œuvrer pour la réconciliation, tout en tenant un discours guerrier.

« Vous avez deux options »

Après un accrochage avec les rebelles dans le nord du pays, près de la frontière libyenne, il y a une semaine, le président de la transition, dans une vidéo tournée alors qu’il était entouré de hauts gradés, a indiqué : « Je suis bien vivant et je veux envoyer ce message aux rebelles : vous avez deux options. Si vous voulez la paix, la porte est ouverte. Mais si vous voulez la guerre, je suis ici à Kouri et je vous attends ».

Ces propos sibt jugés irresponsables par une partie de l’opinion publique tchadienne. Neatobey Bidi Valentin est le président du parti Panafricain pour la paix et la justice sociale. Il déclare à la DW :

« Les dirigeants de la transition veulent s’imposer au pouvoir par la force. D’un côté, on dit qu’on veut la réconciliation et en même temps, on invite les autres à la guerre. Ce n’est pas digne du président de la transition qui avait mystifié la population par un dialogue national inclusif qui se voulait être un peu la panacée de tous les problèmes du Tchad. Voilà qu’il montre son vrai visage. »

Faire taire la critique

Neatobey Bidi Valentin estime même que le chef de l’Etat « ne veut pas de la paix, donc tout ce qu’il dit est belliqueux. Nous voulons tous la paix mais les gens qui disent qu’ils veulent la paix ne le veulent pas. Ils veulent plutôt maintenir cet état de guerre, de violences, par ce que ça fait leur compte ».

Pour avoir caractérisé les propos du président de la transition de « belliqueux » et d »‘inepties », le journal tchadien en ligne Alwidah Infos a été suspendu pour huit jours par la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel.

Son directeur de publication, Djimet Wiché, vit depuis samedi dans la clandestinité, après avoir échappé à une tentative d’enlèvement, selon ses propres déclarations.

Une situation que déplore le journaliste-écrivain Sosthène Mbernodji, par ailleurs coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, le MCPL.

« Dans un régime qui se veut démocratique ou de droit, toute suspension d’un organe de presse est un recul, déclare Sosthème Mbernodji. Deuxièmement, les propos tenus par le chef de la junte qui ont été rapportés par le journal Alwihda Infos, eh bien un chef d’Etat ne doit pas tenir un tel langage. Ça sort complètement du registre d’un homme qui se veut rassembleur, donc le journal a sonné l’alerte. Ce n’est que normal, mais en lieu et place on le sanctionne et on appelle à une sorte d’essaim d’abeilles sur son directeur qui se trouve menacé, ce n’est pas normal ».

Dans une déclaration commune, les organisations professionnelles des médias exigent l’annulation de la suspension du journal en ligne et appellent les autorités tchadiennes au respect de la liberté de la presse.

Aucun des responsables contactés à ce sujet, le ministre de la Communication et celui de la Réconciliation, n’étaient disponibles pour donner une réaction.

Quand les accents guerriers de Mahamat Déby choquent au Tchad (msn.com)

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