A peine installé dans ses nouvelles fonctions de président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à la faveur du dernier sommet de l’institution sous-régionale, tenu le 9 juillet dernier à Bissau, le président nigérian, Bola Tinubu, a réuni autour de lui, le 18 juillet dernier à Abuja, un trio de ses pairs à l’effet de réfléchir à la problématique de la sécurité dans la sous-région ouest-africaine et proposer des solutions. A la base, c’est une mission qui avait été confiée aux présidents béninois, Patrice Talon, bissau-guinéen, Umaro Sissoco Emballo et nigérian, Bola Tinubu, auxquels s’est finalement joint le président nigérien, Mohamed Bazoum. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la question sécuritaire semble désormais au cœur des préoccupations de la CEDEAO. Et la diligence avec laquelle le nouveau président en exercice a fait dans la tenue de cette première réunion de concertation, traduit pour le moins une volonté d’implication dans un dossier sécuritaire aussi épineux qu’opaque, à l’image de la nébuleuse islamiste qui trouble le sommeil des populations de cette partie de l’Afrique depuis maintenant plusieurs années.

Le président Bola Tinubu ne compte pas faire de la figuration à la tête de l’institution sous-régionale

Alors, quelle solution miracle contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest ? Telle est la question que l’on peut se poser, au regard de la mission assignée à ces chefs d’Etat de la sous-région, chargés de mener la réflexion sur la question et de proposer des solutions d’autant plus innovantes que le phénomène n’est pas nouveau. En effet, en dehors de quelques pays comme le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Guinée, ils sont rares, les pays de la sous-région ouest-africaine, à ne pas être aujourd’hui confrontés à la question du terrorisme qui n’en finit pas d’endeuiller d’innocentes populations. Et dans le cas d’espèce de ce sommet d’Abuja, en dehors du président Emballo dont le pays est épargné, tous autant qu’ils sont réunis, Patrice Talon, Mohamed Bazoum et Bola Tinubu sont bien placés pour aborder la question d’un fléau qui frappe de plein fouet leurs pays respectifs. C’est pourquoi, à défaut de s’approprier entièrement la lutte contre le terrorisme, la CEDEAO ne pouvait pas mieux prendre le problème à bras-le-corps en portant déjà la réflexion, comme c’est le cas à Abuja, sur les conséquences du retrait de la Minusma du Mali ainsi que le financement de la force commune dont elle pense à la mise en place pour lutter contre la pieuvre tentaculaire. Mais aussi contre les changements anticonstitutionnels de régimes dans son espace géographique. Une façon comme une autre, pour le nouveau maître d’Abuja, de préparer le prochain sommet extraordinaire de la CEDEAO qui se penchera sur les transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, aux termes du communiqué final du dernier sommet. Autant dire que par cet engagement personnel peu commun, le président Bola Tinubu ne compte pas faire de la figuration à la tête de l’institution sous-régionale.

Au-delà des questions politiques, la CEDEAO doit s’obliger à porter le combat contre le terrorisme dans son espace géographique

Et tout porte à croire que l’ex-gouverneur de Lagos est non seulement dans une logique d’affirmation de son pays en tant que locomotive de l’instance communautaire, mais aussi qu’il a envie d’imprimer sa marque à la marche de l’institution sous-régionale. Cela est à son honneur. Toujours est-il qu’en rappelant son attachement à la démocratie dans l’espace sous-régional dans un contexte où le défi sécuritaire lié à l’expansion du terrorisme a parfois eu pour effets des changements anticonstitutionnels, Bola Tinubu annonce la couleur. Mais dans le contexte actuel, tout porte à croire que la CEDEAO marche sur des œufs, relativement aux transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée qu’elle surveille comme du lait sur le feu et qui seront au menu de son prochain sommet extraordinaire. Car, au-delà des discours officiels qui se veulent pour le moins rassurants par rapport aux échéances de fin de transitions annoncées, se cache la réalité de la situation sécuritaire qui, malgré les efforts, a encore bien du mal à se stabiliser si elle ne continue pas de se dégrader au Burkina Faso et au Mali. C’est dire si au-delà des questions politiques, la CEDEAO doit s’obliger à porter le combat contre le terrorisme dans son espace géographique. Autrement, tant que la bête immonde continuera de sévir et de se repaître impunément du sang d’innocentes personnes, la question sécuritaire restera un sujet susceptible de gêner aux entournures la CEDEAO dans sa volonté de mettre au pas, ceux de ses membres aujourd’hui en délicatesse avec les principes de la démocratie mais qui sont pris dans la tourmente d’attaques terroristes déstabilisantes qui ne leur laisse pas beaucoup le choix. En tout état de cause, on est impatient de voir la potion magique que les dirigeants réunis circonstanciellement dans la capitale fédérale du Nigeria, sortiront de leur couronne comme solution à la problématique d’un phénomène aussi pernicieux qu’il a la peau dure dans la sous-région ouest-africaine où il s’est enraciné dans les pays de l’hinterland pour mieux étendre ses tentacules jusqu’aux pays du littoral.

« Le Pays »

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