L’Etat se retire de la subvention du gaz butane après 30 ans de présence. Mais depuis le 1er juin, le gaz est vendu au prix du marché sans la marge prise par l’Etat. Ce qui aura plusieurs conséquences dont la hausse vertigineuse des prix de la bonbonne de gaz et la contrebande.

L’information a été rendue publique la mardi 7 juin 2022 par le directeur général de l’Office national des Produits pétroliers (Onap), Modibo Gourou Diall. Celui-ci qui donnait en même temps, les nouveaux tarifs à la pompe de l’essence et du gasoil, a indiqué que l’Etat se retire de la subvention du gaz butane dont le kilo est fixé à 1060 F CFA. Ce retrait est justifié par les difficultés financières de l’Etat engendrées par la hausse du prix des produits pétroliers sur le marché international elle-même provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a causé des problèmes d’approvisionnement.

Mais pour le gaz, l’Etat avait de sérieux problèmes de tenir le coût de la subvention dont les arriérées dues au groupement professionnel du gaz sont estimées à plus de 8 milliards de F CFA, selon Oudiary Diawara, ancien président du groupement professionnel du gaz et directeur général d’une société importatrice de gaz.

Ce désengagement de l’Etat, qui vise à alléger son portefeuille engendre une charge supplémentaire sur les ménages en cette période d’envolée générale des prix de tous les prix à commencer par les hydrocarbures dont la dernière hausse n’est pas sans effets sur les autres produits de consommation courante. Le gaz était jusque-là subventionné au Mali pour protéger l’environnement et empêcher la coupe abusive du bois et du charbon de bois. Une politique mise en œuvre depuis sous ATT, à l’époque où Modibo Sidibé était Premier ministre. C’est ainsi que les bouteilles de 3kg et 6kg étaient vendues presque à moitié prix aux sommes respectivement à 1335 et 2910 F CFA. Celle non subventionnée des 12kg était de 10 000 F CFA.

6 360 F CFA contre 2000 F CFA au Burkina et en Côte d’Ivoire

Avec la nouvelle structure de prix non subventionnée de 1060 F CFA le kilo, les mêmes bouteilles vont être vendues du simple au double. Par exemple les 6gk qui sont les plus consommés au Mali sont estimés à 6360 F CFA, la bonbonne. « Au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, la même bouteille revient à 2000 F CFA avec la subvention de leurs Etats grâce au fonds gaz », selon Oudiary Diawara. Selon lui, la Côte d’Ivoire met plus de 60 milliards de F CFA par an dans la subvention du gaz, contre 30 milliards de F CFA pour le Burkina Faso et un de plus de 45 milliards de F CFA pour le Sénégal. Le Mali est à 5,1 milliards de F CFA par an, un montant fixé depuis près de 3 décennie et qui peine à suivre le rythme.

Le constat est qu’avec l’arrêt de la subvention, les consommateurs sont désormais des laissés pour compte, abandonnés aux caprices du marché. Les spéculateurs qui sont déjà habitués à leurs jeux auront une plus grande marge de manœuvre. L’ancien président du groupement professionnel de gaz craint surtout le trafic de gaz butane entre des pays voisins du Mali, qui aura comme conséquences, la fermeture de leur entreprise et la mise en chômage de milliers de travailleurs. Selon lui, certains spéculateurs qui ne reculent devant rien, vont s’adonner à l’importation de gaz moins chers en dehors de nos frontières pour se faire énormément de profits sur le marché local. M. Diawara ne voit pas la douane stopper cette contrebande de sitôt pour la simple raison de renflouer ses caisses.

Au moment où se passe dans notre pays la 23e édition de la quinzaine de l’environnement, qui vise à attirer l’attention des populations et les décideurs sur la protection de l’environnement, la voie est désormais ouverte à l’exploitation abusive de la forêt. (abamako.com)

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