Après la fermeture d’un média hostile ou pouvoir, Walf TV, les journalistes dénoncent une entrave à leur liberté d’expression.

Des plateaux vides, un personnel au chômage technique, Walf TV galère depuis sa suspension pour 30 jours le 1er juin dernier.

L’État du Sénégal reproche à cette chaîne privée, très critique à son égard « la diffusion d’images de violences exposant des mineurs, accompagnées de propos subversifs et haineux portant atteinte à la stabilité de l’État », lors des récentes émeutes.

Le pouvoir politique semble nous montrer, à chaque fois qu’il y a des tensions dans ce pays que Walfadjri dérange. Parce que vous conviendrez avec moi que quand il y a des manifs violentes au Sénégal, nous faisons de l’information de proximité, nous faisons de l’information générale. Alors, s’il y a des événements comme ça, je ne vois pas pourquoi Walfadjri devrait croiser les bras et dire qu’on ne fait pas d’édition spéciale sur ça, qu’on ne fait pas de direct sur ça s’est indigné Moustapha Diop, Directeur de Walf TV et Radio.

Ces véhicules calcinés appartenaient au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information, le CESTI de Dakar. Ils ont été incendiés lors des émeutes de début juin. Cette école de journalisme devient ainsi une victime collatérale de la tension politique qui secoue le Sénégal en ce moment. Tout un symbole.

Le groupe Futurs Médias est une autre victime de l’acharnement contre les médias sénégalais pris entre le marteau du pouvoir et l’enclume de l’opposition. Lors des émeutes de mars 2021, son siège avait été violemment attaqué en raison de la proximité avec le pouvoir de son propriétaire, le chanteur Youssou Ndour.

_Il y a des attaques injustifiées, infondées et on est obligé de gérer cette situation. Parfois même ça crée la psychose parce qu’on se dit à chaque peut-être qu’ils vont nous attaquer, peut-être qu’il va se passer quelque chose au point qu’on en est arrivé à chaque fois qu’il y a le procès, on est obligé de prendre des mesures, des dispositions, des mesures préventives pour ne pas vivre des représailles _a souligné El Haddi Nidiogou Diene, journaliste à RFM.

Un sacré coup à la liberté d’expression. Violence, incarcération, menace, les abus contre les journalistes inquiètent. Mais, même si rien ne justifie les dérives à son égard, la presse n’est pas exempte de tout reproche.

Il y a beaucoup de dérives aussi de notre côté, il faut le dire. Et ce foisonnement médiatique nous cause beaucoup de problèmes. C’est pourquoi dans le Code (de la presse), nous avions mis des garde-fous. Aujourd’hui, on doit pouvoir identifier les entreprises de presse et voir ceux qui font réellement du journalisme, que ceux qui font autre chose aillent ailleurs et qu’ils fassent ce qu’ils veulent ailleurs souligne Ibrahima Lissa Faye, membre d’une association de la presse.

La dégradation des conditions des journalistes a fait perdre au Sénégal 31 places dans le dernier classement de Reporters sans frontières. Le ministère de la Communication n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.

Sénégal : la liberté d’expression en sursis ? (msn.com)

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