Une session d’urgence du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a été convoquée pour vendredi 17 décembre à Genève afin d’évoquer les crimes commis par les belligérants en Éthiopie, selon un communiqué des Nations unies publié mardi 14 décembre. Une telle session était demandée depuis des semaines par de nombreuses ONG internationales et africaines et se tiendra à l’initiative de l’Union européenne, qui a obtenu le soutien de 17 pays membres et de 36 pays observateurs, dont plusieurs non-Européens. L’Éthiopie a aussitôt condamné ce qu’elle considère comme « une tentative injuste et contreproductive d’exercer une pression politique ».

L’Éthiopie est tellement sur la défensive qu’elle a déjà condamné « les résultats politiquement motivés » de la session d’urgence du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui aura lieu vendredi 17 décembre dans la matinée à Genève, en Suisse. Son ministère des Affaires étrangères s’est dit « perplexe et attristé ». L’Éthiopie affirme depuis des semaines que l’Occident « instrumentalise » les droits de l’Homme pour promouvoir un agenda qualifié de « colonial ».

Pourtant, le texte qui devra être discuté ne concerne pas qu’elle mais aussi les rebelles tigréens et l’Érythrée. Il s’agit d’établir, pour une durée d’un an renouvelable, une « commission internationale » chargée d’enquêter sur les crimes commis par tous les belligérants depuis novembre 2020 et de rendre son rapport public, selon le texte d’un projet de résolution transmis à la presse par les Nations unies.

Des efforts trop timorés

L’Éthiopie objecte qu’une enquête conjointe de l’ONU et de sa Commission nationale des droits de l’Homme s’est déjà prononcée, concluant que des crimes contre l’humanité avaient pu être commis par toutes les parties et qu’un comité interministériel avait été mis en place pour « mettre en œuvre ses recommandations ».

« Mais les efforts entrepris par l’Éthiopie ont manqué d’envergure et de transparence », tempère Laëtitia Bader, directrice de Human Rights Watch pour la Corne de l’Afrique. « Et, en tout état de cause, ils ne sont pas à la hauteur des crimes commis », dit-elle. Enfin, les ONG à l’origine de l’initiative entendent aussi « protéger les preuves des crimes, non seulement pour que justice puisse être rendue pour les victimes, mais aussi pour qu’une réconciliation puisse un jour avoir lieu sur la base de faits établis », ajoute Laëtitia Bader.

« Le Conseil des droits de l’Homme doit assumer ses responsabilités »

Dans son communiqué, la représentante finlandaise de l’UE à Genève, Lotte Knudsen, a justifié l’initiative en soulignant qu’« à la lumière de l’aggravation de la situation », l’UE pensait que la communauté internationale avait « l’obligation morale d’essayer d’empêcher de nouvelles atrocités et d’assurer la responsabilité et la justice pour les victimes et les survivants », sans cibler particulièrement le gouvernement ou un autre protagoniste de la guerre.

Et de conclure : « Le Conseil des droits de l’Homme doit assumer ses responsabilités », tout en assurant que l’Europe est « fermement attachée à la souveraineté, à l’indépendance politique, à l’intégrité territoriale et à l’unité de l’Éthiopie » et qu’elle soutient « fermement les efforts de médiation en cours du haut représentant de l’Union africaine » Olusegun Obasanjo, dont les tentatives diplomatiques n’ont pour l’instant débouché sur rien.

Une source diplomatique européenne confirme que cette initiative résulte surtout d’un compromis. Les 28 diplomaties de l’UE n’ayant pu se mettre d’accord à l’unanimité, comme la règle de l’UE l’exige, sur des sanctions contre des responsables de crimes ou sur la demande de mise en place d’un mécanisme d’enquête internationale, explique cette source, la saisine du Conseil des droits de l’homme est destinée à « laisser la prochaine étape entre les mains de l’ONU ». (rfi.fr)

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