Il a fallu près de 19H à l’état-major des FAT (Forces armées togolaises) pour publier un communiqué officiel sur les faits meurtriers à Natigou (dans la Région des Savanes, commune Tône 4, extrême nord-est du Togo) de samedi dernier. Un communiqué officiel qui précise «qu’une enquête est en cours» sur le nouveau drame humain dans cette Région considérée comme la plus pauvre des 5 Régions économiques au Togo.

Le Togo a-t-il essuyé dans la nuit du 09 juillet un nouvel acte djihadiste (le 4è du genre) sur son sol? Des habitants du canton de Natigou (dans la Région des Savanes, commune Tône 4, nord-est du Togo) continuent de maintenir une telle lecture des faits, en attendant les conclusions d’une enquête officielle ouverte sur le sujet.

Selon le communiqué laconique du CEMG (Chef d’état-major général) des FAT, le Général de Brigade Dadja Maganawé, lu sur les médias officiels du Togo dans la soirée de ce 10 juillet, les «sept morts enregistrés dans la nuit de samedi à dimanche dans le village de Margba (préfecture de Tône) ont été victimes d’une explosion». Cette sortie officielle indique aussi que deux autres personnes ont également été blessées dans cet évènement douloureux. «Une enquête est ouverte pour élucider les circonstances de cette explosion et identifier les auteurs», annonce le CEMG. A aucun moment, il ne fait allusion au péril terroriste dans son message d’information. Il a saisi l’occasion pour convier les populations des Savanes à «éviter les déplacements nocturnes non essentiels dans le respect scrupuleux de l’état d’urgence sécuritaire en vigueur dans cette région économique du Togo».

Le CEMG indique par ailleurs «qu’un détachement de l’opération Koundjouaré alerté, s’est rapidement porté sur les lieux pour secourir les blessés». Sur une vidéo (virale sur les réseaux sociaux togolais) de cette opération d’intervention des éléments de l’opération Koundjouaré, on a vu des soldats togolais enlever des victimes de cette «explosion». Essentiellement de cadavres de jeunes personnes.

Dans plusieurs témoignages de populations de cette zone d’habitation, on impute cette explosion meurtrière «à au moins deux tirs aériens d’un engin volant». Un engin volant que des spécialistes de questions sécuritaires et d’extrémisme violent assimilent à des drones. Une conjecture qui ouvrirait la voie à une hypothèse d’un tir aérien étranger ou encore d’une bavure des FAT. L’enquête officielle ouverte devrait rapidement éclaircir les zones d’ombre de ce nouvel évènement douloureux dans les Savanes.

Nouvel incident meurtrier dans un contexte particulier dans les Savanes !

Depuis la mi-juin 2022, l’ANPC (Agence nationale de la protection civile) fournit dans les Savanes de «l’assistance humanitaire à plus de 600 réfugiés burkinabé victimes du terrorisme dans l’est de leur pays et qui ont trouvé refuge au Togo. Il s’agit essentiellement de réfugiés qui sont allés directement en famille une fois qu’ils ont foulé le sol togolais, au regard des liens de cousinage poussé entre les populations du nord-Togo et le sud du Burkina Faso», a détaillé cette Agence.

C’est à travers un projet de décret adopté le 13 juin 2022 lors de la tenue du 13è Conseil des ministres (en 2022) du Gouvernement togolais que l’Etat du Togo a instauré l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes. «Notre pays a été victime d’une attaque djihadiste dans la nuit du 10 au 11 mai 2022 visant un poste avancé du dispositif de l’opération Koundjoaré situé dans la localité de Kpékpakandi (préfecture de Kpendjal)», avait rappelé l’exécutif togolais pour justifier sa démarche.
«Ces évènements interviennent après une précédente tentative d’attaque, dans cette même partie du territoire national, vaillamment repoussée par les Forces de défense et de sécurité dans la nuit du 10 au 11 novembre 2021», avait davantage expliqué le pouvoir exécutif du Togo. «Dans le but de créer un environnement et les conditions propices aux mesures administratives et opérationnelles nécessaires à la bonne conduite des opérations militaires, au maintien de l’ordre et de la sécurité dans cette Région, le Gouvernement a pris le présent décret», avait fourni comme explication le Gouvernement Dogbé I.

Seulement 3 jours après l’instauration de cet état d’urgence sécuritaire dans les Savanes, un accrochage long et nourri a lieu à l’aube du 16 dans le nord-ouest du Togo (canton de Gnoaga). Il a opposé des éléments des FDS (Forces de défense et de sécurité du Togo) et des terroristes. Ces affrontements n’avaient causé aucune «perte en vies humaines ni de dégâts matériels» dans les rangs togolais. Une information confirmée par le haut commandement des FAT.

Il s’agissait du 3è acte terroriste dans le nord-Togo. Le péril terroriste y est passé du nord-est (Kpékpakandi) vers le nord-ouest (Gnoaga). L’attaque de Kpékpakandi de la mi-mai 2022 avait été revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans), une nébuleuse régionale liée à Al Qaïda. Premier assaut djihadiste meurtrier sur le sol togolais, l’attaque de Kpékpakandi avait coûté la vie à 8 soldats togolais. 13 autres ont été blessés durant cet assaut extérieur qui a aussi vu les Forces du Togo «abattre au moins une quinzaine d’assaillants», selon des chiffres officiels. A Sanloaga (toujours dans les Savanes) dans la nuit du 10 au 11 novembre 2021, le Togo avait vécu et repoussé la première attaque terroriste sur son sol.

L’affrontement entre les FDS et les djihadistes présumés du 16 juin 2022 était intervenu quelques jours après l’alerte lancée par les autorités ghanéennes autour «de mouvements suspects dans la région nord-est du territoire du Ghana». Une zone frontalière avec le nord-ouest du Togo et le sud-ouest du Burkina Faso. (aLome.com)

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