L’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont en lice pour héberger le siège de ce nouvel organe de l’UA. Tous trois disposent des installations nécessaires et ont une réelle légitimité en matière pharmaceutique.

La candidature est on ne peut plus claire. Le 16 avril, Kaïs Saïed, le président tunisien, s’est fait le porte-voix de son pays : « Des ressources humaines jusqu’à la logistique, la Tunisie dispose de tous les atouts pour abriter l’Agence africaine du médicament (AMA) ».

Deux mois avant lui, le 3 février, en marge de la 40e session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, avait assuré que le royaume chérifien était « disposé à abriter le siège de l’AMA et à développer des projets de partenariat Sud-Sud avec les CDC-Afrique [Centres africains de contrôle et de prévention des maladies] ».

Entre-temps, le 14 mars, Lotfi Benbahmed, le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, avait fait part de la volonté de son pays d’abriter l’agence continentale.

Les trois pays le savent : accueillir le siège d’une organisation internationale serait prestigieux

Née d’une initiative conjointe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Union africaine (UA), l’AMA, dont le projet végétait depuis 2009, a finalement été créée en novembre 2021, alors que les États africains étaient visiblement dépendants du reste du monde pour l’approvisionnement en vaccins anti-Covid. Calquée sur le modèle de l’Agence européenne du médicament (EMA), l’AMA sera chargée de coordonner la règlementation et l’accès aux remèdes sur le sol africain.

Le chemin est encore long. Le continent pèse peu dans l’industrie pharmaceutique mondiale : seulement 0,7% de ce marché de 1 400 milliards de dollars en 2021. Environ 70% de la production continentale repose sur une dizaine pays, dont les cinq que compte l’Afrique du Nord. Le continent est contraint d’importer plus de 90% de ses besoins en médicaments.

Coup de pouce

Pour les trois pays en lice, accueillir le siège d’une organisation internationale serait prestigieux et donnerait un sérieux coup de pouce à leur diplomatie sanitaire.

Contrairement aux pays d’Afrique subsaharienne – Afrique du Sud exceptée –, ces trois pays du Maghreb ont l’avantage de pourvoir, en grande partie, à leurs propres besoins en médicaments : à 50% pour le Maroc, à 60% pour l’Algérie et à 75% pour la Tunisie. Des chiffres dont ils peuvent se prévaloir pour faire valoir leur légitimité à accueillir une organisation censée assurer l’autonomie pharmaceutique continentale.

Chacun des trois jouit d’une bonne réputation dans le domaine des vaccins. Le 27 janvier, la première pierre de Sensyo Pharmatech, une usine de fabrication de vaccins « made in Morocco », a été posée dans la région de Casablanca.

L’Algérie, quant à elle, s’est lancée dans la production du vaccin chinois CoronaVac (Sinovac) en septembre 2021. La Tunisie n’est pas en reste : le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué, en février 2022, que ce pays commencerait à fabriquer des vaccins à ARN messager. Rabat, Alger et Tunis affirment régulièrement avoir l’intention de couvrir les besoins de tout le continent.

Le Sénégal et l’Ouganda sont eux aussi sur les rangs

La population africaine constituera près du tiers de la population mondiale d’ici à 2050. Mais, pour l’Afrique subsaharienne, casser le cercle de la dépendance à l’égard des pays occidentaux en matière d’accès aux médicaments semble loin d’être gagné.

Réponse d’ici à février 2023

Pour l’heure, impossible de savoir qui est en pole position. En juin 2021, Michel Sidibé, envoyé spécial de l’Union africaine pour l’Agence africaine du médicament, indiquait à Jeune Afrique que « toutes les candidatures [seraient] analysées selon des règles précises, telles que l’UA les applique depuis longtemps, et selon des critères partagés avec tous ».

Une source anonyme au sein de l’UA indique que la question devrait être tranchée d’ici à février 2023, à l’occasion du sommet de l’organisation. En attendant, un rapport d’évaluation sera présenté avant la première réunion de la Conférence des États parties, qui devrait se tenir en mai prochain.

La décision prise par cet organe sera soumise à l’Assemblée de l’UA en juin ou en juillet. Les pays du Maghreb ne sont pas seuls en piste. Le Sénégal et l’Ouganda sont eux aussi sur les rangs. (Jeune Afrique)

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