L’Algérie remet sa couronne en jeu : la 33e Coupe d’Afrique des nations s’ouvre dimanche à Yaoundé (Cameroun). Qui peut donner le nom du prochain roi du continent ? Personne. Le niveau de la compétition grimpe à chaque édition et les prétendants sont nombreux – Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire, Algérie, Maroc, Nigeria, Egypte, Tunisie, etc. L’importance est ailleurs. La Coupe d’Afrique ne ressemble à aucune autre. Elle se joue au cœur de la saison – un calendrier qui agace les clubs européens qui voient leurs joueurs s’envoler à des milliers de kilomètres pour fouler des pelouses (souvent cabossées) sous une chaleur fracassante. Des conditions qui laissent des traces.

Les puissants ont joué des coudes pour repousser la messe en instrumentalisant la situation sanitaire. L’Afrique a tangué mais elle a résisté. Cette compétition raconte la même histoire depuis des lustres. Les équipes se pointent souvent à moitié préparées ou pas du tout – les clubs européens (avec la complicité des instances internationales) libèrent les joueurs au dernier moment. Certains font connaissance avec leurs coéquipiers une semaine avant le coup d’envoi ; parfois ils ne parlent pas la même langue. Les dialectes sont aussi nombreux que les fils d’immigrés et les naturalisés. Tout se mélange autour du ballon : l’exil, le retour à la terre, les traditions et le destin. En 2019, par exemple, l’attaquant algérien, Andy Delort, est devenu champion d’Afrique alors qu’il n’avait jamais posé le moindre orteil au pays. Il a découvert Alger en rentrant du Caire avec le trophée.

Tendresse infinie

Ce n’est jamais anodin de participer à la Coupe d’Afrique. Les stars (Sadio Mané, Mohamed Salah, Riyad Mahrez… ) n’ont rien à craindre : elles ont des contrats costauds et une cote au top. Mais ce n’est pas le même biscuit pour des joueurs moyens de l’élite ou de divisions inférieures. Un retour avec une blessure et c’est un renouvellement de contrat qui s’envole. Un remplaçant qui brille en son absence et il est écarté à son retour. Pas trop de place pour les sentiments. Les anecdotes sont nombreuses. Elles sont parfois drôles mais pas toujours. Les longs voyages ; les péripéties ; les négociations avec les fédérations pour recevoir une prime ou se faire rembourser des billets d’avion.

Ces dernières années, on a croisé le chemin de quelques joueurs qui ont disputé la Coupe d’Afrique. Ils en parlent tous avec une tendresse infinie. Des souvenirs à foison. Pas un seul ne regrette. Ils gardent tous le meilleur en tête. Un midi, en Bretagne, un attaquant d’Afrique de l’Ouest – qui déjeunait incognito dans un restaurant – nous disait : «Depuis que j’ai marqué deux buts en Coupe d’Afrique, le président de la République me reçoit à chaque fois que je reviens au pays et toutes les mamans me considèrent comme leur fils. Mes collègues dans le vestiaire ont du mal à me croire mais pourtant c’est la vérité.» La Coupe d’Afrique des nations est un conte.

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